Nicolas Gautherot et Raphaël Goetter

 

 

The PECNOMICON

 

 

 

 

 

 

Le Cycle de Cirlé : Tome 2

1999

 

 

 

 

Sommaire :

 

 

I.     RESUME DES EPISODES PRECEDENTS.

II.    CHAPITRE SPORTIF.

III.   SCENE DE GARE.

IV.   POESIE GASTRONOMIQUE COURTE.

V.    CHAPITRE IMPORTANT.

VI.   CHAPITRE EPIQUE

VII.  CHAPITRE … ET COLEGRAM.

VIII. UN PEU D’HISTOIRE.

IX.   L’HISTOIRE VERITABLE DE LOUFY-QUI-PENCHE-A-DROITE.

X.    LAARSEN VAN SCHNIDL’DIDNT.

XI.   CHAPITRE DE LA MOULE SPORTIVE.

XII.  CHAPITRE AVEC DES PARAGRAPHES.

XIII. LE RETOUR DE LAARSEN VAN SCHNIDL’DIDNT

XIV. INDEX.

 

 


The Pecnomicon

Le Cycle de Cirlé : Tome 2

 

 

 

 

I.                  RESUME DES EPISODES PRECEDENTS

 

 

Cirlé est le premier serf sans maître de Melnibono, un royaume médiévalo-stupide qui ne sera découvert que bien plus tard dans la journée.

Lassé de sa condition et des privations infligées par son cousin Ylékon, Cirlé se rebelle et parcourt le monde, accompagné de son épée-démon Strohmsinger et de son compagnon Hans.

Après avoir occis discrètement vingt-trois Wibele hargneux de les rencontrer en si bon chemin, les deux héros et leurs épées décident de former le groupe Cosmic-Wurst et de se produire en spectacle à l’Ile aux Enfants.

A la suite du concert et pour accélérer leur allure stagnante, Cirlé, à l’aide d’une potion magique, invoque un démon de transport. Cependant, des paroles mal placées frustrent le démon qui les téléporte aléatoirement chez Miracle-Max, un inventeur-nain.

Ce dernier et Rince-Doigts, une goule charmante, leur font bonne hospitalité , alors qu’au même moment, au cours d’un combat redoutable aux toilettes royales, Ylékon trépasse.

Le lendemain, nos héros repartent exécuter leur mission : tuer Ylékon.

 

 

* * *

 

II.               CHAPITRE SPORTIF

 

 

Cirlé se tourmentait sans Strohmsinger. De plus, il avait faim. Il se demandait s’il n’était pas préférable de se faire refaire les dents de devant. La journée commençait bien.

Quoique bien élevé, Cirlé, héros de son royaume, avait la malplaisante manie d’aller tantôt s’envoler sous l’eau claire de la rivière, et d’y turlupiner espièglement les Crougnouteurs à Entrejambe Champêtre[1][1].

Cette faiblesse lui attira rapidement les courroux maternels de sa génitrice, Constance de Freund, première du nom, qui lui confisqua sa lame fidèle Strohmsinger, suite à une redoutable analyse d’urines.

 

Cirlé, donc, chevauchant sa dévouée jument Confiture[2][2], alla quêter à la recherche d’un autre glaive surpuissant, tout en énonçant intérieurement en lui-même le fameux adage de James Zzzouiteflï : « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin on se demande si la goutte ne fait pas déborder le vase ».

Cet apophtegme lui rappelait évidemment sa mémorable boule de rebuts narinaux qu’il avait mis plus de temps qu’il n’en faut pour l’élaborer en toute quiétude.

 

Ses talents de charcutier-désosseur permirent donc à Cirlé de se distinguer de belle manière au tournoi hebdomadaire de Bottage de Nains à Tête Courbe, organisé tous les mois sur les terres du Royaume de Melnibono.

Ce jeu pour le moins viril a vu le jour dans les reculées provinces de Kurtoilorey, à l’est des régions arides du désert du Sahira-Khomsa, alors que l’activité quotidienne principale du roi, Alfred Schnützele de Pétanbié, était de vaquer à de nobles excavations nasales, voire à d’incongrues fouilles d’esgourde à l’aide de son fidèle, mais fluet, petit doigt.

Rien de passionnant, avouons-le.

Au cours du siège du palais de Schistroff 1er par les catapultes lance-moignons, l’idée vint au roi d’organiser une manifestation distrayante, fondée sur le principe du jeu et destinée à divertir de façon amusante l’ensemble des Territoires des Peuplades Cruciverbistes, en manque cruel de loisirs.

Le Bottage de Nains à Tête Courbe était né …

D’un principe somme toute assez fondamental, cette distraction couramment pratiquée chaque décennie dans le royaume nécessitait un nain – ou plus précisément un gnome, car l’association des Nains-En-Colère-Tous-Unis refusa d’y contribuer –, ainsi qu’une paire de pantouflettes vigoureuses et peu farouches.

L’objectif annoncé était de forlancer le farfadet d’un râblé coup de tatane de façon à décrire une trajectoire ellipsoamygdale et d’atteindre au moins le camp adverse et, au mieux, une cible en mouvement : un autre nain.

Pour ce faire, deux équipes de sept cent douze humains (en général), testaient à tour de rôle l’efficacité de leur technique d’emboutissage d’arrière-trains et, en l’occurrence, la méthode du bottage angulo-vertical à 45° (également appelée Tamalou-Jébobola)[3][3].

 

Comme l’on peut le supputer, les bienfaits du Bottage étaient indéniables et multiples : outre la musculation du quadriceps jambier (et la résorption de la culotte de cheval), cette activité pratiquée régulièrement permettait également de consolider la notion fondamentale d’hygiène corporelle (les pantoufles et les nains étaient changés après chaque partie).

 

Généralement, les participants à ce jeu étaient soit des malandrins soit des bandits, c’est pourquoi la présence d’un Héros comme Cirlé passa relativement inaperçue à l’œil.

Les rares concurrents étaient nombreux et avaient tous une particularité admirable : ils étaient complètement indifférents au tournoi car ils s’occupaient à détrousser avec prévenance un frêle mais riche noble qui en glapit de poltronnerie.

Cirlé, seul participant en lice, se devait alors d’atteindre au moins la troisième place qualificative pour le podium. La couleur blanche de ses yeux bleus vira au vert lorsqu’il réalisa qu’il avait remporté le concours : Cirlé était jubilant de satisfaction lorsqu’il alla s'attribuer son prix.

 

Il avait gagné Hémoglobine la Pourfendeuse, une épée de toute beauté, un glaive runique magnifique, un fier estramaçon, assurément de nature démoniaque et aux pensées proches de son ancienne lame, Strohmsinger, c’est à dire plutôt engourdies du bassinet. Cirlé était ravi.

Otto von Langstrumpf, docteur ès sciences occulto-musicales, avait déclaré à propos de cette épée : « Mieux vaut se taire plutôt que d’en parler ».

C’est tout dire !

Il avait, par la suite, rajouté : « Je ne dirai rien de plus à ce sujet ».

 

Trublion de Fenteglu, l’armurier du Royaume, ne connaissait que trois armes comparables à Hémoglobine : Tampon le Sanglant, le marteau de combat, et Chatouille la Douloureuse, la dague enchantée du Grand Incubateur Laarsen Van Schnidl’didnt.

La troisième, j’avoue qu’il ne s’en souvient plus.

 

Les attributs magiques d’Hémoglobine étaient pour le moins équivalents à son inconvénient primaire : l’épée dégageait assidûment un relent nauséabond de la lame, et son fourreau, Terrine, en tolérait difficilement la cohabitation.

En effet, le premier démon a avoir séjourné dans l’olympienne épée avait une désagréable incommodité sous la forme de multiples pustules fangeuses placées là où seul le satanique papier-toilettes avait osé s’aventurer jusqu’alors. Ce fut par un échange culturel, lors du départ du démon pour les célèbres îles Kèlbèlpèr, que l’épée conserva ce souvenir malodorant.

 

* * *

 

III.           SCENE DE GARE

 

 

A la grande satisfaction de tous, Cirlé et Hans se sont retrouvés sur une voie ferrée, en gare  d’Oberniederthal.

Nos deux inséparables héros avaient décidé, d’un commun accord unilatéral, de s’éloigner l’un de l’autre pour des raisons évidentes de pollution atmosphérique due en partie à l’haleine chaloupée de Hans.

Cirlé mit du temps à reconnaître son compagnon derrière lui, tant il était occupé à observer goulûment la gente damoiselle qui tenait l’Auberge de la Gare Frétillante et dont la réputation et les atouts pulmonaires n’étaient plus à présenter.

Cette engageante jeune fille, Hilary de Kismokton, avait tantôt porté l’un des enfants de Cirlé, au grand désaccord de son mari légitime, Marcellus Trekschpatz, Capitaine de la Garde Royale et surveillant de voies ferrées à ses heures perdues.

L’attitude chevaleresque de Cirlé à l’égard des dames lui valut un affrontement furieux avec Trekschpatz. Il ne s’en sortit que grâce aux effluves fétides de ses espadrilles et au prix de nouvelles chausses, celles-ci ayant succombé à l’exsudation incontrôlée de ses pieds.

 

L’atmosphère éthylique de la gare créait un cadre propice aux retrouvailles de nos deux guerriers pacifistes : une voie ferrée caillouteuse qui allait être inventée au cours des siècles prochains, une paire de quais déserts, un hall d’entrée gardé par le féroce chien de guerre Paglop, et, enfin, la célébrissime horloge solaire qui occupait tout le fronton principal et qui retardait de deux jours.

Lorsque les fumées de locomotives se dissipèrent, nos deux héros se faisaient face aux deux extrémités du quai. En se voyant, ils se mirent à courir l’un vers l’autre au ralenti. Ils se réunirent en accolades viriles, sur le rythme de « Dancing on the Bigoudi ».

Mais l’heure n’était pas aux manifestations de joie : ils avaient une mission à accomplir. Mais laquelle, au fait ?

 

Quoi qu’il en soit, les deux compères Cirlé et Hans se retrouvèrent au moment où quelque part ailleurs dans un autre monde M’ame Chaqueline achetait un démouleur de caleçon pour les fêtes.

L’aventure commençait enfin : le respectable Fassdetong, Grand émincé de la cervelle, ayant pris nouvelle de la reformation de l’équipe, célèbre pour ses fredaines émaciées, leur fit don d’un proverbe bien à propos : « Il faut se méfier de l’eau qui mouille. Si, si ».

 

D’ailleurs, Cirlé et Hans n’avaient pas remarqué que le vilain démon Casimir Fraise-Bleue, les gouaillait de son air liquide. La confrontation était inévitable.

Description du combat : d’un côté Hans et Cirlé, de l’autre Casimir Fraise-Bleue au milieu du champ de bataille.

On pourrait placer, en cette occasion, une belle citation de Oscar Kalbuth : « Mord-z’y l’œil ! », tirée de son roman célébrissime « Le pastiche de la vie en couple ».

Finalement, l’affrontement tourna court, puisque les deux parties en pugilat durent s’interrompre sur une feinte délibérée du démon : « pouce ! » s’exclama-t’-il.

 

Tout heureux de se retrouver enfin, nos deux compères se séparèrent pour marquer l’événement.

Ils se rejoignirent enfin quelques moments plus tard attablés à l’auberge de Moulakek, tenue par Humphrey Big, le tavernier à la tripe suintante, qui leur fit un prix de retrouvailles : « Vous vous êtes retrouvés ! Soit, ça fera dix Moulfs de plus ».

 

* * *

 

IV.            POESIE GASTRONOMIQUE COURTE

 

 

Le mardi est un jour faste à Melnibono : les oiseaux relâchent leurs sphincters, Félicie aussi. Pourtant dans ce doux équilibre naturel, Ychop de Schnüppe, prêtre à la Vagabonde Narine, se donnait à cœur joie à son activité favorite du moment : le daubage de Richard Claydermann à prendre dans le sens glissant.

Hans, toujours présent parmi nous, n’en était qu’à ses premières ablutions au sein du tout nouveau groupe en vogue : Mystic Spätzle, du nom de sa femme, Sœur Marie-Thérèse Dugroin-Mouillé.

Pourvu d’une nouvelle épée, Gillette la Poreuse, décida de repartir avec Hans à son fourreau vers de nouvelles aventures au galop, à la recherche de son compagnon Cirlé, car ils venaient de se retrouver.

C’était sans compter sur Youri Kommitmirimwaldspatzieren, troisième du nom, redoutable ami de Clodomir Wollensiemitmirpumpsen : deux personnages complètement insignifiants pour le récit, mais cités pour la beauté du geste.

Le duo Cirlé-Hans s’était reformé avec pour ferme intention d’entamer une seconde saga aussi prestigieuse que la première.

 

 

 

* * *

 

V.               CHAPITRE IMPORTANT

 

Puissant conteur et barde, Pavel Amtürklopfenbitte, ne laissait jamais rien au hasard. C’est ainsi que sa rencontre avec les deux héros allait déterminer la suite de l’épopée.

En effet, nos deux commensaux forts d’une soûlographie bien avancée écoutaient avec absorption les chroniques nomades du Troubadour à l’Oeil Crépu, telles que « Les mortifications du salami aux genoux cagneux » ou « Le Taupe 50 », paroles édifiantes de par leur contenu et leur à-propos :

 

« Que la mer est belle dans l’obscurité de la pénombre nocturne que je ne vois pas avec mes yeux voilés par l’ombre des ténèbres : le soleil m’aveugle, ou bien est-ce toi que je ne vois pas devant moi, en train de me couvrir la face de tes mains apocryphes mais néanmoins froides, dont la brûlure me rend muet de mes deux organes auditifs ?

Je le suppute à présent : ce sont tes pieds délicats à l’odeur de rose parfumée au gingembre musqué qui me caressent inlassablement le torse en me recouvrant les yeux de façon à ce que je ne voie pas que tu chausses du 49 ½ au réveil.

Ô ma douce et tendre poitrine de veau farcie, que tes ongles incarnés me rappellent mes dernières vacances au soleil chez ma belle-mère, après le marathon auquel elle a brillamment terminé deuxième par KO olfactif. »

 

Soudain, un spasme parcourut Cirlé : « il nous faut trouver une quête ! » ; inspiré par les nouvelles du barde, il avait, dans un moment d’anesthésie passagère, interrompu son abreuvage spongieux et flandrin pour relever son occiput souffreteux et jeter cette tirade renversante. Les dés étaient jetés et la choucroute cuite.

 

Notre héros à la lame désenchantée entreprit alors – malencontreusement – de se tutoyer auprès des clients attablés et avinés sur une éventuelle idée de quête : les réactions varièrent de l’indifférence impolie à la participation à « Tournez Grumeaux » avec le triomphal Charly Holeg-Michamarsch et sa musique entraînante.

C’est alors qu’apparut le fidèle allié de nos deux héros, Norbert Mouflenbiais , assisté de Seppele, Gardien du Musée des Amis de la Vie à Deux. Ces deux personnages, également inutiles dans le récit, n’en paraîtront que moins importants.

L’Auberge de Moulakek était pleine. C’en était de trop pour Cirlé !

 

Après concertation, nos deux amis se lancèrent immédiatement à la poursuite du fameux Pecnomicon, le recueil hautement démoniaque et principalement griffonné par l’alsacien fou Rasmus Schweissfehs. Cet ouvrage renfermait tout le secret des soirées réussies de l’ambassadeur et de ses amis les Fer-héros[4][4].

A ce stade du récit, il serait impoli de décrire le Pecnomicon comme un simple livre. En fait, il s’agissait effectivement d’un livre, mais nous resterons polis.

Monté sur ses deux pattes gibbeuses et courtaudes, le Pecnomicon venait de s’éclipser par la porte de service, à la grande surprise de ceux qui n’avaient rien remarqué, absorbés qu’ils étaient par leurs conciliabules.

La quête pouvait continuer, mais « euh, pas ce soir, j’ai bobo les têtes les deux » plaida Cirlé qui citait ainsi ses nobles ancêtres lors de l’Antique Bataille Chrontienne-Décidée-En-Faisant-Gaffe.

Seppele et Norbert Mouflenbiais virent que le but suprême de leur existence venait de s'ôter en l’air, et sans se concerter, décidèrent d’un commun accord, de s'acheminer (au tarif lent) vers d’autres contrées plus loin en laissant Cirlé et Hans maîtres de leur destin.

 

* * *

 

VI.            CHAPITRE EPIQUE …

 

 

Sur les conseils de sa maîtresse préférée et profitant d’une trêve dans le récit, Cirlé avait accepté une mission subalterne : aller sauver la blondasse princesse Mychallair, fille de Bouba 1er et Frisquette, des griffes du vilain Bourrelareine, Archimage de l’Ordre des Frères aux Abdominaux Flasques.

Cette mission, bien que noble, était totalement perpendiculaire à celle d’aller graaler le Pecnomicon, mais était sur la liste des quêtes d’un héros de second plan à l’instar de Cirlé.

 

Il partit donc pour les Contrées d’Ouzkilédon dans le Ragnagnistan, accompagné de son laquais, Hans, de leurs armes démons respectives et de leurs montures.

Les jungles de Gott-Soc-Sepp rendaient leur parcours fastidieux : armés de leurs glaives en forme d’épée, nos deux guerriers se frayaient un chemin à travers les végétaux géants, les plantes carnivores à faciès pelucheux et autres pygmées de jardin aux vertugadins prosaïques.

Le terrain était dance et joufflu, ce qui ne ralentissait pas nos conquérants intrépides, décidés à poursuivre leur mission à vive allure. Ils choisirent donc de s’arrêter un instant, épuisés qu’ils étaient par leur première minute de quête.

Ils remarquèrent à ce moment précis qu’ils avaient traversé la jungle depuis plus d’une heure et qu’ils se trouvaient actuellement sous l’eau de la fosse aux crocodiles du château-fort de Bourrelareine.

Leur position géographique fut confirmée par Hans, dans un évoquant « Gargl ! ».

Celui-ci, le visage bleu et la gesticulation modérée, semblait se noyer (dans l’eau). Cirlé, qui se trouvait sur la tête de Hans, ne s’aperçut de rien : la face collée contre les remparts du château, il scrutait l’horizon.

-       -         Trêve de galéjades, Hans, allons assiéger le palais : il fera beau demain !

-       -         Ne sommes-nous  point par trop vétustes pour des péripéties de cet acabit, mon bon maître ? Rétorqua le non-intéressé.

-       -         Suis-moi sans bouger ! Meugla Cirlé en guise de réponse.

 

Ils escaladèrent les murs du château en compagnie de leurs montures. Hans, qui avait perdu tantôt un bras lors d’une récente rixette avec un Schnèkele péteur à tête cruciforme, éprouva quelques gênes à grimper en conservant dans sa main sa fidèle Gillette et son cheval Galipette.

Il se risqua à faire une proposition :

-       -         N’aurions-nous pas pu emprunter la porte d’entrée grande ouverte, puisque nous avions pris le temps de lance-flammer discrètement les gardes ?

Cirlé remit le valet effronté à sa place :

-       -         Chut, nous arrivons enfin en bas.

Il toisa les alentours et ajouta :

-       -         Flûtiau, un cadavre ! Interroge-le philosophiquement, Hans.

-       -         Il est mort, messire, crut bon de signaler ce dernier.

 

L’intérieur de la forteresse était composé de couloirs menant parfois à des pièces, voire des chambrées. Nos héros se dirigeaient relativement aux renseignements imprécis laissés par le macchabée.

Afin d’encourager le groupe, Cirlé formula le dernier proverbe en date de l’Inquisiteur Derrick : « Il faut battre le fer pour gagner », évoqué dans son ouvrage « le rire de Simone ».

Ils débouchèrent sur un vaste couscoussier d’une dimension relativement réduite pour sa taille, au centre duquel ils découvrirent un important zeugme de démons apparemment méchants, avec à leur tête Méphitoiphégaf, Prince des démons avertis et Raztoilbouk, Seigneur à la Tignasse Volubile.

Ils en lâchèrent leurs montures de stupéfaction.

En plein gestoiement, les démons étaient en train de se trémousser au son du Gothic Schloppe, le dernier rythme à la mode de chez nous.

 

A l’arrivée des deux héros, les diablotins n’hésitèrent pas à les inviter à leur orgie musicale, mais en voyant Hans, ils engagèrent le combat.

Cirlé avait pensé à emporter son arme secrète : le Lance-Pied, sorte de grosse catapulte pédipulse rotative dont l’action principale en état de marche était de projeter un orteil aiguisé, voire puant sur certains modèles, sur l’ennemi – ou l’ami – selon le sens de la rotation aléatoire.

L’engin pesait environ trois mètres de haut. D’une maniabilité peu conventionnelle, le Lance-Pied, exemplaire unique, ne fonctionnait pas sans la main d’œuvre d’un pied. Bien heureusement, les démons ne le savaient pas : en voyant la machine, ils se prosternèrent, les fesses en direction des deux héros.

Cirlé et Hans en profitèrent pour atteindre la salle du trône. La blondasse Mychallair s’y trouvait confortablement assise sur le popo, en train d’expérimenter, à grands bruits, son plat favori de flageolets.

Bourrelareine les attendait dans un coin anguleux : il avait invoqué un démon pour le moins boulimique : Vahinet, le gonflé.

Cirlé sortit Hémoglobine de son fourreau. Hans, n’eut pas le temps de faire de même, gobé qu’il était par le démon morfalien.

L’intensité du combat était telle que Cirlé menaça à plusieurs reprises de s’endormir profondément.

Finalement, il déchiqueta la créature d’un coup d’épée et en fit de même avec Mychallair, qu’il avait, dans sa précipitation, confondu avec Bourrelareine. Cirlé perdit ainsi douze points de vie qu’il ôta à Hans, tout heureux d’avoir été dégurgité presque entièrement.

Bourrelareine, affublé d’un jupon et d’une blondasse perruque, fut ramené à Bouba 1er et nos deux héros reçurent en récompense le dernier numéro du magazine Groneynet, ainsi que son poster central.